[Presse] Le Temps / Le petro, une «crypto-escroquerie»
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Le Temps - Édition du jeudi 22 février 2018
Le petro, une «crypto-escroquerie», de Sébastien Ruche
Le gouvernement vénézuélien de Nicolas Maduro veut lever 6 milliards de dollars grâce au petro. Les experts interrogés par «Le Temps» ne croient pas à cette tentative de sauver l’économie bolivarienne
Extrait (…) Le petro, décrit dans un white paper et un guide de l’acquéreur disponibles en ligne, comporte de nombreuses zones d’ombre. (…) Comment le petro sera-t-il couvert par les réserves de pétrole, comme le white paper le promet? Ce jeton sera-t-il considéré comme un moyen légal de paiement au Venezuela, voire dans d’autres pays? Sur quelle base légale le petro sera-t-il émis?» Pour un émetteur souverain, l’on aurait pu s’attendre à une documentation plus complète et robuste (…) «Il est extrêmement douteux que le Venezuela tienne sa promesse et produise le pétrole qui sert de sous-jacent au petro, estime [un dirigeant d’un Centre pour la finance, NDLR]. En outre, le risque de ne pas être remboursé est très élevé, car le Venezuela est déjà très endetté. Il est probable que le petro bénéficiera surtout à l’élite vénézuélienne.» (…) «Même si le petro pourrait susciter un certain intérêt, malgré le risque élevé de défaut, je ne pense pas qu’il recevra beaucoup de demande. Par conséquent, je ne pense pas que le pays pourra contourner les sanctions internationales à grande échelle» (…) « 17,6% des petros seront détenus par une autorité étatique, qui pourrait facilement en manipuler le cours.» [Selon un spécialiste, NDLR] (…) Cette opération vénézuélienne ressemble vraiment à «une escroquerie, puisque face à une hyperinflation, le gouvernement décide d’imprimer encore de la monnaie, mais avec des billets virtuels», analyse Yves Bennaïm, fondateur du think tank 2B4CH (…) Pour ce partisan des nouvelles monnaies, le petro «pénalisera la population vénézuélienne, mais perme ra aussi, paradoxalement, à d’autres acteurs internationaux de se poser les bonnes questions sur ce qu’il faut faire et ne pas faire». (…)
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