[Presse] Les Affaires / Le Bitcoin ? Un cheval de Troie !
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Les Affaires - Édition du 10 mars 2018 — n° 05
Les Affaires est un journal bi-mensuel économique québécois.
Le Bitcoin ? Un cheval de Troie !
Une chronique d’Olivier Schmouker
(Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne reflète pas nécessairement ceux des membres du forum)
Extrait (…) La technologie blockchain est simple, claire et rapide. Elle permet de contourner les intermédiaires, qui sont, en comparaison, lents et coûteux, outre le fait qu’ils manquent parfois de transparence (…). Cette technologie offre la confiance que nous accordions jusqu’à présent à ces tiers (…) à qui nous avions l’habitude de confier aveuglément nos précieuses données (argent, contrats, etc.). Le mot clé est lâché : confiance. Tout repose sur la confiance. Or, il se trouve que nos sociétés actuelles sont marquées au fer rouge par la défiance envers toutes sortes d’institutions. Un exemple frappant est celui de la monnaie étatique… (…) semblent survenir à répétition et paraissent chaque fois frapper de plus en plus fort les citoyens: la dernière d’envergure, celle dite des subprimes, est survenue en 2007 et fait encore sentir ses traces à l’échelle de la planète. D’où l’attrait du Bitcoin, cette monnaie sans État : grâce à elle, il devient possible de se libérer des liens financiers que l’on a avec nos gouvernements, d’échanger à notre guise n’importe quel bien ou service avec la personne de notre choix. (…) Le hic ? C’est justement cette liberté extrême. Plus précisément, le fait que l’État n’ait plus l’œil sur les activités économiques ayant lieu par l’entremise de la blockchain. D’une part, parce que c’est là un terrain de jeu parfait pour le crime organisé ; l’étude Sex, drugs, and Bitcoin (…) montre que la moitié des échanges effectués en Bitcoin – quelque 72 milliards de dollars américains par année – sont illégaux (trafic d’armes, de faux documents, de drogues, etc.). D’autre part, parce que cela menace de priver l’État, à terme, de recettes fiscales phénoménales. Voilà pourquoi il ne faut pas s’étonner de la vive réaction de nombre d’États à l’égard des cryptomonnaies. (…) La Chine veut tuer le Bitcoin en bannissant chez elle la blockchain et en menaçant de détruire les « mines » (…) La Corée du Sud, le troisième marché mondial du Bitcoin, impose la divulgation publique de tous les échanges, histoire de taxer certains d’entre eux.(…) La France, elle, souhaite que le Fonds monétaire international ait accès à l’intégralité des transactions afin qu’il puisse les contrôler. Quant à la Russie, elle va à contre-courant puisqu’elle propose la création d’un… cryptorouble étatique! (…) Ce qui montre à quel point les États sont dépassés par les événements. (…) Croisons les doigts, donc, pour que le Bitcoin ne soit pas la technologie fatidique à nos États… (…)
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