[Presse] GEO ● Grand reportage. Islande, la géothermie et après ?
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[ GEO ⎟ N° 494 - Édition d’avril 2020 ⎟ Pages 112-126 ]
Ce numéro est disponible sur le site de l’éditeur au prix numérique de 5,49 €
Islande, la géothermie et après ?
Le Pays, qui a su tirer parti de la chaleur de son sous-sol, est l’un des bons élèves en matière d’énergie durable. Et pourtant, aujourd’hui, il revoie sa copie. Par Boštjan Videmšek (traduit de l’anglais et adapté par Anne Cantin)
Extrait (…) Aujourd’hui, les Islandais, très conscients du réchauffement climatique qui affecte la planète, remettent en cause leur propre modele. Une électricité à bas coût a en effet attiré dans leur petit pays des industries extrêmement gourmandes en énergie. Cette île de 340 000 habitants est devenue le premier consommateur d’électricité par tête (54,4 mégawattheures) (…). Et la demande ne cesse d’augmenter, avec un impact très visible sur le paysage sur ce territoire six fois plus petit que la France (…) [avec des] usines dont les émissions de CO2, n’ont cessé de croître pour atteindre 1,3 million de tonnes en 2014, soit plus du tiers du total national. Alors, les autorités ont cherché d’autres types d’industries, moins visibles dans le paysage que ces énormes complexes métallurgiques, et plus propres, comme les spécialistes de la blockchain — technologie de stockage et de transmission d’informations permettant notamment de créer et gérer des cryptomonnaies. Les Luxembourgeois d’Etix Blockchain, par exemple, ont ouvert deux centres de données. L’un près de la capitale, Reykjavík, et l’autre à Blönduós, une petite ville du nord-ouest de l’île. Ce dernier a des airs de base militaire ultramoderne. Des milliers de serveurs y vrombissent tout en rejetant quantité de chaleur immédiatement refroidie par l’air frais du pays (ce qui évite l’usage de la climatisation représentant normalement 40 % de la consommation énergétique des centres de données). C’est, aux dires de l’un de ses salariés qui tient à rester anonyme, l’une des plus grandes «mines» de cryptomonnaies au monde. Les débouchés de l’électricité islandaise semblent infinis. (…)